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Athénaïs Abauzit & Aziyadé Abauzit

LA DERNIÈRE FEMME

Aziyadé & Athénaïs Abauzit, DA et set designer, nous offrent une série photographique qui documente le retour d’une ancienne divinité sur la planète Terre. Envoyée par le cosmos comme espoir pour sauver les humains de leur opium, elle y laissa comme offrandes une couronne, une goutte et quelques notes témoignant de son séjour terrestre, comme pour dire : « tous, sommes des rois faisant partis du même fluide ». Ses notes laissées comme un manifeste invitent à sentir la vie couler dans nos veines, et à la regarder battre autour de soi.

«8100 ans et pas un regard. Le froid du bleu me liquéfie dans ma quête. La nuit est tombée, les couleurs ont percé. Les perles coulaient dans mes mains, le bleu du ciel sentait bon. Le bruit du métal glissait sur ma peau ; dans mes veines, l’air frais explorait les cachettes. La cime des arbres m’arrivait à la cheville et les marches d’escalier faisaient deux fois ma taille. Le bois était devenu or, l’or était devenu brume.

Ils étaient là, tous. Et l’espace et le vide s’admiraient calmement. Le ciel grondait de son vert et de sa fluorescence. Les flammes glacées se consumaient, le silence arborait un sourire victorieux. Les cendres fourmillaient, s’agglutinaient, tombaient lentement. Elles volaient. Mes mains noires ouvraient un sachet rouge d’où des grains de Terre se mirent à s’échapper. Ils tombaient un à un sur la mousse, s’imbibaient du liquide.

Alors, j’ai serré ma main. J’ai pensé l’impensable et j’ai dit l’indicible. La paix me prenait tout entière au piège. J’embrassai le danger, compris l’essentiel, et plongeai vers la Terre». 

 
FORST Sarah