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LA 3D : UN SAVOIR-FAIRE SOUS-ESTIMÉ

L’autre jour, nous parlions de fermes. Pas n’importe quelles fermes. Des fermes de rendu 3D. Loin de nous les animaux, le foin et la nature. Bienvenue dans le monde digital, le monde 2.0. Des paysages HDRI où les saveurs sont vectorisées, pixellisées, animées.

Ce qui est fun c’est qu’avec la 3D, nous pouvons rendre réel quasiment tout ce qu’il se passe dans nos têtes. Un vrai champ de possibilités s’ouvre à nous, où nous pouvons créer notre propre bulle. Par exemple ; une maison tapissée en poils de (faux) léopard, des objets design, des vêtements, des mecs qui courent dans des champs, qui sont eux-mêmes des centaures qui portent sur leurs dos d’autres centaures, qui eux, sont en poils de léopard…

Mais si c’était si simple, ça se saurait. Ne s’improvise pas 3déiste qui veut du jour au lendemain. C’est un métier qui demande énormément de temps et de curiosité. Il fait partie de la catégorie «  C’est ouf, mais c’est trop cher pour ce que c’est ». Une aberration minimaliste bien connue du monde de l’art qui aime à confondre les minutes et les mois. Pour l’exemple, Maher Zguir, un multi-talent qui fait partie actuellement de la team de Périmètre Studio en tant que 3déiste nous explique avec précision les étapes de création d’un projet 3D :

”Il y a autant de processus qu'il y a de projets 3D tellement cet univers est infini, mais pour l'exercice, on va dire qu'on doit réaliser une "petite" vidéo animée de 30 secondes avec un personnage qui danse. Tout part d’un brief client reçu. Dans notre cas, il y a le personnage principal, ses habits et l'environnement dans lequel il se trouve. Après analyse et plan d’attaque, lançons nous !

Face à nous, plusieurs formes grisâtres qui créent notre personnage et le décor. On vient de terminer l’étape de modélisation. À partir de là, plusieurs étapes avancent en parallèle. On se penche sur la texture et la matière : transparent ou métallisé ? Lisse ou rugueux ? Ça commence à être beau, mais cela a un coût ! Si la bague que notre personnage porte est métallisée, l'ordinateur doit calculer tout ce qui se réfléchit dedans. Donc plus on met de textures, plus il y aura de calcul et plus le logiciel prendra du temps à montrer chaque image. C'est pourquoi à côté de ça, on travaille les "animatics". En français, on peut dire que c’est l’animation. On anime nos objets bruts. Pas de textures sur ceux-ci, ça diminue l’efficacité et la rapidité du logiciel. On se concentre sur le timing et nos mouvements de caméra, par exemple. Cela fait gagner du temps et permet d'aller plus vite dans les aller-retours avec les clients.

Aussi, intervient le rigging, qui consiste à animer le corps d’un modèle avec ses différents os de son squelette. Et ce squelette, une fois que sa danse est faite, il faut l’habiller en créant des patrons 2D et les mettre sur le logiciel, par la suite ! Maintenant qu'on a préparé tous les éléments séparément, on va pouvoir tout rassembler ! On prend notre scène avec nos objets animés "moches" et on les remplace par ceux auxquels on a soigneusement appliqué les différentes textures. Il reste plus qu'à faire les derniers petits ajustements et placer les différentes lumières.

La dernière étape dans le logiciel 3D est celle du rendu. C'est l'étape où on passe d'une scène 3D à une image 2D. Ici, c'est l'ordinateur qui va faire tout le travail en calculant chaque reflet, chaque ombre, chaque incidence de chaque lumière qu'on aura placée, etc. Souvent, c'est synonyme d'ordinateurs inutilisables pendant toute la période de rendu, à anticiper dans le planning du projet pour éviter le hors délais ! Une des alternatives est de faire recours à ces fermes de rendu en ligne. Chaque étape requiert énormément de précision et d’expertise. C'est pourquoi il peut y avoir autant d'artistes contribuant à un projet qu'il y a d'étapes. Tout dépend du temps et du budget à disposition ! “

Remarquons que nous sommes déjà dans ce monde digital où la 3D fait partie intégrante de nos champs de vision : dans les animations, les publicités, la métaverse, les réseaux sociaux, les jeux vidéo ou encore les hologrammes. Avant que la 3D ne soit possible, nous lisions des bandes dessinées en 2D. Il faut dire que beaucoup de changements ont été faits dès lors. Nous sommes dans une nouvelle ère qui laissera sa place à la suivante, etc. Il est donc intéressant de se demander, en vue de cette évolution, quelle sera la suite de ce monde si bien digitalisé. Quelle place prendra la 3D dans notre monde dans 10 ans ? Est-ce un métier d’avenir ? 

NATACHA SEWER